terça-feira, 6 de março de 2007


PARIS EN MOI

[Avec des ‘saudades’ de Paris, où j'ai laissé ma jeunesse.]

J’ai chanté Paris en pleine Discophage.
La Rue des Écoles m’attendait toujours.
J’ai lu Baudelaire, et visité des poètes.
Vendu des fleurs de papier, rêves, chimères.
J’ai dévoilé des impasses, et déshabillé des ruelles.
Toutes ses portes m’étaient ouvertes.
Toutes ses rues m’étaient belles !
J’ai changé des gestes, comme le font les dames.
J’ai brillé dans les nuits, plus que les actrices.
J’ai changé de scènes, et déliré dans la célébrité.
Je me suis endormie sous les lunes des marquises.

Je me suis réveillée me promenant dans les jardins.
J’ai vagué dans les places, les avenues.
Vécu des amours. Rendu des hommes heureux.
J’ai vu des larmes se transformer en cicatrices.
Écouté le tintement des cloches de Notre-Dame.
J’ai prié pour Dieu dans toutes les églises.
Marché sur les feuilles mortes des bois.
J’ai respiré les vapeurs nocturnes,
et me suis endormie sur la pelouse.
Je me suis reposée dans les gares,
pour ensuite prendre les métros.
J’ai fui de moi-même pour ne pas me souiller.

Tant de matins nus.Tant de nuits mal dormies.
Que de phantômes se promenant dans les petits forts!
Et moi, témoignant d’autre vies.
J’ai été bergère dans les champs d’Avignon.
Amie de Zola et de Voltaire.
J’ai lutté pour la tombée de la Bastille.
De la Belle Époque, je fus la jeune fille.
L’amante passionnée de Baudelaire.
J’ai traversé Paris dans ses hivers rigoureux.
J’ai aimé Paris dans ses étés banals.
Cueilli Paris dans des beaux printemps.
J’ai rêvé Paris dans ses nuits automnales.
Maîtrisé Paris comme um dompteur de lions.

A mon avis, Paris est une fille joyeuse.
Une femme de la vie, bien aimée.
Un écrin qui recèle mes secrets.
Un verger interdit, une pomme.
Un utérus qui encore me contient.
Je veux vivre Paris dans tous ses temps.
L’aimer dans mes délires, avec abondance.
Laver mon âme aux bords de la Seine.
Et me saoûler, pleine de douceur.

De ce que je fus à Paris, il ne me reste que le rêve.
Les vers des poèmes que je compose.
Et bien plus que le désir d’être infinie.
Je voudrais la posséder, comme peu l’ont fait.
Je voudrais l’ensemencer, comme les fous.
Dans le sang, dans la sueur et les entrailles.
A mon avis, Paris est ma patrie étrange.
La mémoire triste de l’aventure qui termine.
Et la larme lointaine qui me baigne.
Paris, en moi, c’est me posséder encore.


Katia Drummond
[Traduction: Jean Pierre Barakat. Beyrouth, Liban.]

Nenhum comentário: